Les experts d’ONU Environnement se sont penchés sur ces questions et d’autres problèmes émergents avec le lancement du Rapport intitulé « Frontiers 2017 », dernier rapport annuel portant sur les tous derniers défis environnementaux auxquels la planète est confrontée. Le rapport a été lancé le 5 décembre 2017 lors de la troisième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à Nairobi, au Kenya.
Le rapport couvre six questions clés émergentes : la dimension environnementale de la résistance aux antimicrobiens, les nanomatériaux, les aires marines protégées et le développement durable, les tempêtes de sable et de poussière, les solutions solaires pour les foyers hors-réseau et les déplacements liés à la dégradation de l’environnement.
Découvrons tous ensemble un résumé de chacun de ces six sujets :
1- Résistance aux antimicrobiens : étude de la dimension environnementale
La résistance croissante aux antibiotiques se révèle l’une des plus grandes préoccupations du XXIème siècle en matière de santé publique dans le monde entier. Alors que des études ont associé l’administration intensive et souvent inutile d’antibiotiques au cours des dernières décennies à une résistance croissante, le rôle de l’environnement dans l’émergence et la propagation de la résistance a suscité peu d’intérêt.
Après consommation, la plupart des médicaments antibiotiques sont expulsés de l’organisme par l’urine et les fèces non métabolisés et ils contiennent des bactéries résistantes. La libération dans l’environnement de niveaux non-mortels de divers composés antimicrobiens dans les effluents domestiques et hospitaliers et dans les écoulements agricoles, combinés au contact direct entre les communautés bactériennes naturelles et les bactéries résistantes rejetées, est à l’origine de l’évolution bactérienne et de l’émergence de souches résistantes. Pour résoudre ce problème, il faudra s’attaquer à l’utilisation et à l’élimination des produits pharmaceutiques antibiotiques ainsi qu’à la libération de médicaments antimicrobiens, de contaminants pertinents et de bactéries résistantes dans l’environnement. De cette façon, nous pourrions être en mesure de réduire la vitesse à laquelle de nouvelles résistances plus dangereuses ne se développent.
2- Nanomatériaux : application du principe de précaution
En plus de la biologie synthétique et l’intelligence artificielle, un sentiment renouvelé d’urgence entoure les nanomatériaux en raison de leur potentiel pour d’innombrables applications. Il faut que nous en sachions davantage sur leurs propriétés et en quoi les nanomatériaux peuvent nous être bénéfiques. Il nous faut également savoir si les nanomatériaux manufacturés pourraient, à l’avenir, constituer des menaces. Le nano-dimensionnement d’un matériau peut attribuer des propriétés étonnantes à ce dernier, mais également modifier ses impacts sur l’environnement et la santé.
Avec autant de nanomatériaux en développement, il existe un risque sérieux que nous ne comprenions pas encore suffisamment leurs effets à long terme pour les utiliser en toute sécurité, à moins de mettre en place des garanties plus importantes. Les enseignements passés relatifs à l’exposition de l’homme à des matières dangereuses – telles que l’amiante, aux conséquences mortelles – nous apprennent qu’« aucune preuve de dommage » n’est pas synonyme de « preuve d’aucun dommage ».
3- Aires marines protégées : garantir leurs bénéfices pour le développement durable
Nos océans subissent trop de stress depuis trop longtemps. La surpêche, les activités extractives telles que le forage pétrolier, le tourisme, les loisirs, le développement côtier et la pollution endommagent les habitats et réduisent les populations d’espèces marines à un rythme incroyable. Nous avons perdu la moitié des récifs coralliens du monde et consommons près d’un tiers de nos stocks de poissons commerciaux à des taux insoutenables. En bref, nous utilisons les ressources fournies par l’océan plus vite qu’elles ne peuvent naturellement se régénérer. Et pourtant, nous ne pouvons pas vivre sans des océans sains.
Les aires marines protégées sont l’une des meilleures solutions pour maintenir ou restaurer la santé des écosystèmes océaniques et côtiers, en particulier dans le cadre d’un système de gestion plus large. Les bénéfices écologiques, sociaux et économiques des aires marines protégées soutiennent bon nombre des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Si l’objectif de protéger 10 % des eaux côtières et territoriales d’ici 2020 a déjà été atteint, la protection de l’environnement marin nécessite également une gestion efficace et un partage équitable des coûts et des bénéfices. En fin de compte, les aires marines protégées pourraient devenir un moteur de la gouvernance des océans durable – et non une limite – pour les avantages économiques et sociaux vitaux que nous tirons des océans du monde entier.
4- Tempêtes de sable et de poussière : maîtriser un phénomène mondial
Les dépôts de sable et de poussière constituent le préalable du phénomène de la désertification. Ce phénomène résulte de forts vents turbulents qui érodent les particules de sable, de limon et d’argile des paysages arides et appauvrissent leurs sols. Les tempêtes soulèvent de grandes quantités de particules dans l’air qui peuvent parcourir ainsi des milliers de kilomètres à travers les continents et les océans, entraînant d’autres polluants et déposant les particules loin de leur région d’origine. La poussière est nocive pour les humains et les animaux. L’exposition chronique à la poussière fine contribue à des décès prématurés dus aux maladies respiratoires et cardiovasculaires, au cancer du poumon et aux infections aiguës des voies respiratoires inférieures.
Les causes anthropiques des tempêtes de sable et de poussière comprennent la déforestation et les pratiques agricoles non viables, ainsi que l’extraction excessive d’eau et la modification des plans d’eau pour l’irrigation ainsi qu’à d’autres fins. Les tempêtes de sable et de poussière sont ainsi liées à une série de problèmes environnementaux et de développement qui dépassent les frontières nationales, régionales et continentales. À long terme, réduire les menaces que posent les tempêtes de sable et de poussière devra s’appuyer sur des stratégies favorisant la gestion durable des terres et de l’eau dans les paysages, des terres pastorales, des déserts et des zones urbaines intégrées aux mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
5- Solutions solaires : combler le fossé énergétique pour les établissements humains hors réseau
Près d’un milliard de personnes dans le monde vivent sans électricité. Même si des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années, on estime que près de 780 millions de personnes ne seront pas connectées au réseau en 2030. L’énergie solaire a été parmi les premières technologies d’énergie renouvelable adoptées à l’échelle mondiale pour répondre aux besoins de base des populations hors réseau, principalement dans les zones rurales.
Les technologies solaires sont également pertinentes dans le contexte urbain. Aujourd’hui, environ un quart de la population urbaine des régions en développement, soit environ 881 millions de personnes, vit dans des quartiers informels et beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à l’électricité. Ces dernières années, la prolifération de petits systèmes d’énergie solaire distribués desservant des clients à faible revenu en Afrique et en Asie, où résident au moins 95% de la population mondiale hors réseau se sont multipliées. La généralisation de produits solaires munis de batteries améliorées, de coûts d’investissement plus bas, de financements abordables ainsi qu’un accès facile aux systèmes par répartition ont été rendu possibles. A l’aide des politiques et des réglementations adéquates, l’énergie solaire hors réseau pourrait devenir la clé pour la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 pour l’accès universel à des services énergétiques abordables, fiables et modernes et pour l’élimination de la pauvreté.
6- Déplacements environnementaux : la mobilité humaine à l’ère de l’anthropocène
Nous vivons à l’ère de la mobilité sans précédent. Environ 250 millions de personnes vivent et travaillent en dehors de leur pays natal. 750 millions personnes se déplacent dans leurs propres pays. La migration est le moteur du développement et du progrès, offre des opportunités, diffuse des idées et crée des liens entre les pays du monde entier.
À mesure que la population humaine augmente et prospère, nos activités produisent des changements environnementaux qui se répercutent à travers les systèmes terrestres – au-delà des frontières nationales et parfois des capacités de la nature. Les changements environnementaux deviennent trop souvent une dégradation de l’environnement sous la forme de pollution de l’air, de l’eau et du sol; la déforestation, l’érosion des sols et la désertification; la pénurie d’eau et la perte de biodiversité. La dégradation de l’environnement a des conséquences sur les lieux et les modes de vie des personnes. Les tendances étroitement liées qui sont celles du changement climatique, de la croissance démographique, de la consommation croissante et de la dégradation de l’environnement sont susceptibles d’entraîner le déplacement et la migration d’un nombre encore plus important de personnes à l’avenir
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La rédaction